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Faire du déchet un levier de développement territorial
Chaque mois, Mediaquart' part à la rencontre d'un entrepreneur du continent africain qui nous raconte pourquoi et comment il a osé se lancer.
“Faire du déchet un levier de développement territorial.” C’est l’objectif ambitieux que s’est fixé Naomi Fagla Medegan, cette jeune entrepreneuse sociale franco-colombo-béninoise qui décide de partir au Bénin en mai 2019 pour développer l'association Gbobètô (« ramasseur d’ordures » en fon, la langue locale).
Naomi arrive avec l'idée de mener des projets de développement durable en phase avec les réalités du territoire. De fait, l’impact environnemental, l’insertion socioprofessionnelle et la pérennité économique sont trois éléments structurants dans les projets menés par Gbobètô.
Transformer les déchets en une ressource pour les populations locales
Au Bénin, 80% des ménages cuisinent au charbon de bois, avec toutes les conséquences environnementales et sanitaires que cela implique. Face à ce constat, Gbobèto a voulu proposer une alternative aussi efficace qu’écologique.
C’est chose faite en septembre 2019 avec le lancement d’“Energie Verte”, un projet de valorisation des déchets biodégradables en combustible sous forme de briquette. Après le montage d’une unité pilote et le recrutement de 200 ménages très précaires des alentours pour tester le produit, Gbobètô trouve la recette la plus performante.
Aujourd’hui, l’association souhaite passer d’une production artisanale (400/jour) à une production semi-industrielle (4000/jour) de briquettes ce qui suppose la fabrication d'une presse mécanisée et la mise en place d'un réseau d’approvisionnement local. Et, en parallèle, le développement d’un réseau de distribution des briquettes qui permettra aux 200 ménages bénéficiaires du projet de devenir des vendeurs.
Formaliser l’emploi des collecteurs de déchets informels
L’insertion socioprofessionnelle est aussi au cœur du projet “Recycleries” lancé en février 2021. Le projet porte sur la réinsertion des collecteurs de déchets informels pour qu’ils deviennent des “opérateurs de tri efficaces et formalisés” dans les points de regroupement des déchets aménagés par la Société de Gestion des Déchets et de la Salubrité du Grand Nokoué (SGDS-GN SA), partenaire du projet.
Les opérateurs ont d’ores et déjà reçu des formations en hygiène et en santé, d’autres formations en éducation financière sont à venir afin de les sensibiliser à l’importance d’avoir une protection sociale minimum pour la santé voire pour la retraite.
Créer des filières pérennes de valorisation des déchets plastiques
Depuis novembre 2019, l’association s’active également sur “Le comptoir du Plastique”, un projet de valorisation des déchets plastiques. La stratégie de Gbobètô ? Partir du débouché et monter une filière autour.
Sans débouché, difficile d’assurer la viabilité de l’activité, alors Naomi s’est concentrée sur les déchets plastiques pour lesquels il existait déjà des usines avant d’envisager la création d’une filière d’approvisionnement. Son choix s’est porté sur le polyéthylène haute densité (PEHD) et polypropylène (PP). Actuellement, les déchets sont transformés en broyat (50 tonnes récupérés) puis exportés vers d’autres pays africains pour être recyclés par des industriels.
L’objectif à plus long terme, c’est de pérenniser cette activité en créant une filière de valorisation finale du plastique au Bénin. Transformer les déchets en produits finis (carburant, objets, etc.) pour le marché béninois, c’est ouvrir la voie à la création d’emplois décents, localement, sur une filière en développement sur le continent.
Défis et perspectives
Absence de protection sociale, manque de matériel adéquat, difficultés à gérer des activités et à lever des fonds… C’est une fois sur place que Naomi a pris la mesure des enjeux autour de l’accompagnement des entrepreneurs informels.
Parmi les grands défis à relever pour Gbobètô, il y a l’informalité mais aussi la rentabilité. Monter une industrie pérenne économiquement au Bénin peut s’avérer difficile face à des concurrents comme le Nigéria qui produisent en grande quantité et pour moins cher.
Pas de quoi stopper Naomi Fagla Medegan. Si les activités actuelles de Gbobètô se sont développées rapidement, elles ne sont que la partie émergée de l’iceberg en ce qui concerne les ambitions de Naomi: “On est à 1/10e de tout ce que j’envisage pour la suite. C’est assez long mais il faut être patient !”[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
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